Malagasy Press Broard m'a communiqué ce matin les chiffres de la pauvreté à Madagascar, reproduits ci-dessous.

Ce ne sont que des chiffres, déjà ahurissants. Mais ils ne peuvent pas faire apparaître les véritables enfers vécus par des milliers d'êtres humains comme vous, comme moi, et qui ont faim sans rien trouver à manger, qui sont malades sans pouvoir consulter un médecin ni acheter les médicaments nécessaires, et qui meurent sous les yeux de tous, impuissants.

Je les diffuse, non pour "plus d'infos" à mes correspondant-e-s, qui connaissent déjà depuis longtemps la gravité de la pauvreté massive et très meurtrière que vit le peuple malgache, mais pour re-souligner trois réalités :

1. Ces chiffres, catastrophiques pour le peuple malgache et pour les ami-e-s du peuple de Madagascar, ne sont pas des échecs de la politique néolibérale qui domine Madagascar depuis des décennies, mais une véritable réussite pour les grande domination-prédation libérale mondialisée. Feignant des soupirs de désolation devant, les pilleurs des richesses naturelles et des mains-d'œuvre et des "cerveaux" formés malgaches doivent jubiler entre eux derrière. Plus les Malgaches sont dans l'incapacité physique et culturelle, plus les pilleurs ont la main libre pour commettre leurs forfaits.

2. Toute gouvernance et tout programme politique pyramidaux à Madagascar ne feront que le lit de cette grande prédation qui tue des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants tous les jours.

3. Les Malgaches ont un outil institutionnel à leur disposition, indiqué dans toutes les Constitutions malgaches pour être "la base du développement" : le Fokonolona. En prenant des initiatives responsables pour porter secours à ses membres, chaque fokonolona peut fonctionner avec des méthodes nouvelles de "miara-mitady, miara-manapaka, miara-mandroso" (chercher ensemble, décider ensemble, progresser ensemble), afin d'organiser efficacement et tout de suite un auto secours et un auto développement humain dans chaque fokontany.

Les fokonolona seuls peuvent faire le constat précis des dégâts humains sur place. Eux seuls ont le vrai intérêt de déclarer cette situation de tsunami social permanent comme telle devant les citoyens et les peuples du monde entier, et devant toutes les instances responsables internationales.

Eux seuls peuvent s'organiser sur place et en coordination avec tous les autres fokonolona pour constituer une caisse nationale de secours et pour utiliser tous les dons en faveur des vrais sinistré-e-s de chaque fokontany sans passer par des intermédiaires.

Eux seuls ont intérêt et peuvent transformer cet auto secours en auto développement humain afin de rendre durables et développables les résultats obtenus.

Le Fokonolona ainsi émancipé, prenant toutes ses responsabilités pour résoudre tous les problèmes de ses membres et familles s'appelle Fokonolona Mivao (FM). Le projet qui mène à l'émergence du FM existe, il appartient à tous les Malgaches en général, en particulier aux Malgaches qui veulent s'y engager (Mpivoy).

Je diffuse ces trois messages pour crier à tous et toutes que l'auto secours et l'auto développement des Malgaches par le Fokonolona Mivao dans chaque fokontany sont TRES URGENTS. Ils ne nécessitent ni une loi ni des élections nouvelles. Et leur réalisation est compatible avec toutes les politiques d'aujourd'hui et celles proposées par tous les candidats présidentiables pour demain.

Joseph Raharijesy, vieux militant inlassable pour le vivre bien ensemble sur notre planète commune.

Voici les chiffres de la pauvreté à Madagascar par De Schutter :      

 

Madagascar:

- 76,5% de la population en dessous du seuil de la pauvreté soit avec un revenu moins de 234 dollars/personne/an (468.800 ar)
- 84,5% des enfants moins de 5 ans et 82,1% des enfants entre 5 ans et 14 ans sont dans une situation de pauvreté
- L'extrême pauvreté, en dessous de 58 dollars/an concerne 9% des enfants de moins de 5 ans et 8,5% des enfants entre 5 et 14 ans
- La pauvreté affecte 82,2% des campagnes et 54,2% des villes
- La déscolarisation a augmenté de 53% l'année scolaire 2008 - 2009 et l'année scolaire 2009 – 2010-

Source : Rapport du Rapporteur Spécial des Nations De Schutter lors de sa mission à Mada du 18 au 22 juillet 2011